Candida albicans, comment prendre le dessus?

santé globale Jul 06, 2022

Les champignons font partie de l’équilibre de notre environnement planétaire tout comme de notre propre écosystème corporel.  C’est dans cette optique que nous souhaitons conserver un équilibre sain entre les différents micro et macro-organismes nous composant, à l’image de la diversité de la flore et de la faune requise pour la santé de notre planète, malheureusement de plus en plus compromise. Par Véronik Tanguay, ND, Hta, aromathérapeute

 

Dans notre corps, l’apparition d’un déséquilibre fongique est le reflet d’un déséquilibre de notre propre microbiote digestif, garant de notre santé et de notre immunité. Sans combattants bactériens en nombre suffisant, les champignons, aussi appelés levures, auront toute la latitude permise pour nous coloniser. En effet, la surdose d’antibiotiques et de médicaments offerts depuis plusieurs décennies ont contribués à réduire la diversité bactérienne nous composant. De plus, l’eau chlorée, les pesticides, le stress chronique dont le manque de sommeil, sont des facteurs supplémentaires affectant nos bonnes bactéries ne pouvant donc plus « jouer du coude » avec les levures. 

D’un autre côté, la surconsommation de sucre et d’aliments raffinés contribuent à nourrir de manière abusive ces levures, favorisant ainsi leur surdéveloppement. Au niveau de l’écosystème intestinal, le caractère pathologique d’un micro-organisme ne dépend pas de sa seule présence mais bien de sa multiplication, elle-même dépendante de l’état de notre système immunitaire.

 

La levure la plus populaire chez l’humain est indéniablement le Candida albicans. De manière surprenante, il existe près de 45 variétés de Candida dont plusieurs résistent maintenant aux antifongiques usuels, dont le fluconazole et à l’itraconazole, particulièrement chez les personnes âgées, possiblement dû à leurs contacts successifs tout au long de leur vie avec les antifongiques.  Étant donné la diversité de symptômes que peut créer le Candida albicans, les scientifiques ont longtemps cru que son réservoir infectieux se situait au niveau de la peau, mais il n’en est rien : c’est bien l’intestin qui constitue le réservoir de ce pathogène fongique. Cette levure sécrète des enzymes capables de dégrader la couche de mucus qui protège la membrane intestinale. Sa faculté de passer d’une structure sporulée à une structure filamenteuse lui permet de franchir la muqueuse intestinale et de se disséminer via la voie sanguine. 

 

L’arsenal naturel antifongique

Ainsi, peu importe les outils thérapeutiques choisis pour soigner des symptômes fongiques, les résultats seront toujours dépendants du support de l’immunité, de l’intégrité de la barrière digestive et de l’équilibre du microbiote. Le grand défi dans la réduction des levures dans notre corps réside dans les symptômes créés lorsque nous les attaquons. En effet, en mourant, ces micro-organismes deviennent des « déchets » à éliminer de notre corps, créant quelques fois plus de symptômes inflammatoires qu’en temps normal. Il est donc important d’être accompagné pour sélectionner les plantes adéquates, en les incorporant graduellement au quotidien. Selon vos symptômes fongiques, le/la naturopathe ou herboriste sélectionnera les plantes adaptées à votre situation. Parmi les plus populaires, nous y trouverons les extraits de noyer noir, d’hydraste, d’épine-vinette, de calendule, de pau d’arco ou d’extrait de pépin de pamplemousse. Dans le commerce, certaines préparations se vendent avec un mélange de ces différentes plantes, incorporant les plantes aromatiques discutées par mon collègue. Toutefois, ces préparations anti-candida proposent des concentrations de plantes importantes, quelques fois délicates à utiliser chez les personnes très atteintes de la candidose.

Traiter une infection fongique avec les plantes médicinales et les huiles essentielles demande de connaître le pathogène et d’équilibrer tous les facteurs de santé chez la personne afin d’éliminer la cause, prenant souvent racine dans le microbiote intestinal. Ainsi, un protocole sera établi et personnalisé selon la nature de l’infection, aigüe ou chronique, la région de la manifestation fongique, le terrain de la personne et sa condition de santé. Une formule personnalisée sera préparée pour un soin à l’interne tout comme un soin à l’externe; bonifiant ainsi les résultats à court et long terme. 

Et les solutions aromatiques?

En aromathérapie, plusieurs familles biochimiques ont des propriétés antifongiques. En effet, certaines huiles essentielles ont la capacité d’altérer la membrane et la paroi de l’agent infectieux, de perturber leur capacité à produire de l’énergie et de perturber le fonctionnement général de la cellule fongique. Les bombes aromatiques anti-infectieuses et antifongiques reviennent souvent aux phénols et aux aldéhydes aromatiques, suivent ensuite les monoterpénols, les sesquiterpènes et les cétones, ces dernière étant plus délicates d’utilisation. En voici le détail :

  • Dans la catégorie des aldéhydes aromatiques, nous retrouvons les puissantes cannelles, utilisé en cas de mycoses rebelles. Que ce soit par l’utilisation de cannelle cassia, l’écorce de cannelle de Ceylan ou la cannelle du Vietnam, ces huiles essentielles sont d’excellentes antiseptiques avec un effet antifongique puissant mais irritant pour les muqueuses et la peau. Elles seront utilisées par voie orale à raison d’une goutte dans une cuillère d’huile d’olive, 3 fois par jour pour une durée de 3 semaines.

 

  • De puissance similaire aux cannelles, les huiles essentielles riches en phénols sont d’excellents fongicides, utiles lors des infections aiguës sur de courtes périodes. Quoique tous efficaces, le plus actif contre le Candida albicans est le thymol et se retrouve en abondance dans le thym à thymol. Il sera utilisé de la même façon que les cannelles, c’est-à-dire par voie orale. À noter que d’autres huiles essentielles sont riches en phénols dont le carvacrol présent dans les diverses variétés d’origans et l’eugénol présent dans le clou de girofle, la feuille de cannelle Ceylan et le basilic sacré.

 

  • De leur côté, les monoterpénols sont d’excellents antiseptiques, doux sur la peau et sécuritaires d’utilisation à plus long terme. Ils renforcent l’immunité et tonifient l’organisme. Le géraniol est l’une des molécules les plus antifongique de cette famille avec une action sur le Candida albicans. Le géraniol se retrouve en bon pourcentage dans le palmarosa, la monarde fistuleuse et en moindre pourcentage dans la citronnelle de Java et le géranium Bourbon. Ces essences feront parties d’une formule à ingérer ou en application locale, généralement diluées. 

 

  • Ensuite, les sesquiterpènes sont souvent présents en petite quantité dans les huiles essentielles et leur confèrent souvent des propriétés anti-inflammatoires, anti-infectieuses, hypotensives et sédatives. Dans cette famille, seul le béta-caryophyllène semble actif sur le Candida albicans. Nous le retrouvons dans le clou de girofle, l’ylang-ylang, la lavande fine, le géranium rosat, le genévrier commun et l’oliban.

 

  • Finalement, un petit mot sur les cétones qui sont d’excellentes antifongiques mais pour une utilisation par voie externe seulement, pour celles riches en thujone, dû à sa neurotoxicité. Ainsi, avec un dosage adéquat, l’huile essentielle de thuya occidental fera partie de sérum, gel ou lotion antifongique, utilisée en application locale pour soigner les problèmes fongiques ou directement sur un ongle infecté aux mycoses. 

 

Tout comme les bactéries, les levures peuvent créer des biofilms et s’y cacher pour résister au système immunitaire de son hôte ainsi qu’aux antibiotiques et antifongiques de prescription et même naturels! Mais la nature étant bien faite, les huiles essentielles contiennent tellement de molécules différentes qu’il est encore impossible aux micro-organismes de développer une résistance, quoique légère étant donné que nous consommons depuis toujours les plantes aromatiques sans pour autant qu’elles détruisent notre microbiote mais, bien au contraire, qu’elles contribuent à le renforcer et à l’équilibrer. En concentrant leurs molécules aromatiques via la production des huiles essentielles, il est intéressant de savoir que certaines d’entre elles se montrent efficaces contre les bio-films bactériens et fongiques dont l’arbre à thé, l’eucalyptus radié, le thym vulgaire à linalol, le lemongrass, le bois de rose, le bois de hô, la marjolaine à coquilles, l’orange douce, le citron jaune et le clou de girofle.

 

Il est à noter que certaines des huiles essentielles nommées dans cet article possèdent des contre-indications avec certaines pathologies, médicaments alors que d’autres sont dermocaustiques, phototoxiques ou neurotoxiques. Assurez-vous d’être bien accompagné et informé avant tout soin antifongique, à court et à long terme, afin d’obtenir les résultats escomptés. 

 

Extrait du Magazine VIVRE

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